Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/347

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premier jour. Ce dernier chef effraya le pape Alexandre à un tel point, qu’il fit un million d’excuses à de Lyonne, et si basses et même si ridicules qu’elles seront incroyables à la postérité. Il lui dit, les larmes aux yeux, que je l’avois surpris ; qu’il feroit au premier jour une congrégation de cardinaux agréables au Roi, pour examiner ce qui se pourroit faire pour sa satisfaction ; que lui, M. de Lyonne, n’avoit qu’à travailler incessamment et en diligence au mémoire de tout ce qui s’étoit passé dans la guerre civile ; qu’il en feroit très-bonne et très-brève justice à Sa Majesté. Enfin il contenta si bien et si pleinement M. de Lyonne, qu’il écrivit à M. le cardinal Mazarin par un courrier exprès en ces propres termes : « J’espère que je donnerai dans peu de jours une nouvelle encore meilleure que celle-ci à Votre Eminence, qui sera que le cardinal de Retz sera au château Saint-Ange. Le Pape ne compte pour rien les amnisties accordées au parti de Paris, et il m’a dit que le cardinal de Retz ne s’en peut servir, parce qu’il n’y a que le Pape qui puisse absoudre les cardinaux, comme il n’y a que lui qui les puisse condamner. Je ne lui ai pas laissé passer à tout hasard ces alternatives, et je lui ai répondu que le parlement de Paris prétendoit qu’il les peut condamner, et qu’il auroit déjà fait le procès au cardinal de Retz, si Votre Eminence ne s’y étoit opposée avec vigueur, par le pur motif du respect qu’il a pour le Saint-Siége, et pour Sa Sainteté en particulier. Le Pape m’a témoigné qu’il vous en étoit, monseigneur, très-obligé, a et m’a chargé de vous assurer qu’il feroit plus de justice au Roi que le parlement de Paris ne lui en