Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/351

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réponse qu’il faisoit à un des interrogatoires de M. le chancelier. Enfin il sortit d’affaire sans être jugé et de prison sur la parole qu’il donna de se défaire de sa charge, et de quitter ou Paris ou le royaume : je ne sais plus proprement lequel ce fut. Il vint à Rome, il m’y trouva ; il se logea, si je ne me trompe, avec Châtillon, de qui il étoit ami. Ils venoient ensemble presque tous les soirs chez moi, n’y osant venir de jour, parce que les Français avoient défense de me voir. Ils avoient l’un et l’autre habitude particulière avec le petit Fouquet, qui est présentement évêque d’Agde, qui étoit aussi à Rome en ce temps-là, et qui trouvoit mauvais que M. de Lyonne prît la liberté de coucher avec sa femme, avec laquelle le petit Fouquet étoit fort bien ; et qui de plus, ayant en vue l’emploi de Rome pour lui-même, étoit bien aise de faire jouer au mari un mauvais personnage, qui lui donnât lieu de lui porter des bottes du côté de la cour. Il crut que le meilleur moyen d’y réussir seroit de brouiller et d’embarrasser la principale ou plutôt l’unique négociation qu’il y avoit, qui étoit celle de mon affaire ; et il s’adressa pour cela à Croissy, en le priant de m’avertir qu’il me feroit savoir ponctuellement tous les pas qui s’y feroient ; que j’aurois les copies des dépêches du cocu (il n’appeloit jamais autrement Lyonne), devant qu’elles sortissent de Rome ; que j’aurois celles du Mazarin un quart-d’heure après que le cocu les auroit reçues ; et que lui Fouquet étoit maître de tout ce qu’il me proposoit, parce qu’il l’étoit absolument de madame de Lyonne, de laquelle son mari ne se cachoit aucunement ; et laquelle, de plus, étoit enragée contre son mari, parce qu’il étoit passionnément amou-