Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/371

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Et l’accueil si favorable que m’avoit daigné faire le chef de tous les évêques et le père de tous les fidèles, avant que Dieu le retirât de ce monde ces marques si publiques et si glorieuses de bonté et d’affection dont il lui avoit plu d’honorer mon exil et mon innocence, et la protection apostolique qu’il m’avoit fait l’honneur de me promettre avec tant de tendresse et de générosité, n’ont pu entièrement adoucir l’amertume que m’a causée depuis six mois l’état déplorable auquel votre compagnie a été réduite : car, comme les marques extraordinaires de votre fidèle amitié envers moi ont attiré sur vous leur aversion, et qu’on ne vous a persécutés que parce que vous vous étiez toujours opposés à la persécution que j’en souffrois, j’ai été blessé dans le cœur de toutes les plaies que votre corps a reçues ; et la même générosité qui m’obligera à conserver jusqu’à la fin de ma vie des sentimens tout particuliers de reconnoissance et de gratitude pour vos bons offices m’oblige maintenant encore davantage à ressentir des mouvemens non communs de compassion et de tendresse pour vos afflictions et pour vos souffrances.

« J’ai appris, messieurs, avec douleur, que ceux qui depuis ma liberté m’ont fait un crime de votre zèle pour moi ne m’ont reproché, par un écrit public et diffamant, d’avoir fait faire dans la ville capitale des actions scandaleuses et injurieuses à Sa Majesté, que parce que vous aviez témoigné à Dieu, par l’un des cantiques de l’Église, la joie que vous aviez de ma délivrance, après la lui avoir demandée par tant de prières. J’ai su que cette action de votre piété, qui a réjoui tous ceux qui étoient affligés du viole-