Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/38

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son intention ; mais qu’il la prioit de considérer que la conduite ambiguë qu’elle produisoit anéantiroit celle à laquelle tout le royaume conspiroit contre le cardinal Mazarin ; que ce ministre, qui étoit l’objet de l’horreur de tous les peuples, triomphoit de leurs haines avec quatre ou cinq mille hommes qui l’avoient conduit en triomphe à la cour, parce que le parlement donnoit tous les jours des arrêts en sa faveur, au moment même qu’il déclamoit avec le plus d’aigreur contre lui ; que lui Monsieur étoit demeuré, par la complaisance qu’il avoit pour ce corps, dans des ménagemens qui avoient en leur manière contribué aux mêmes effets ; que le mal s’augmentant, il ne pouvoit plus s’empêcher d’y chercher des remèdes ; qu’il n’en manquoit pas, mais qu’il étoit bien aise de les concerter avec la compagnie, qui devoit aussi, de son côté, prendre une bonne résolution, et se fixer, pour une bonne fois, aux moyens efficaces de chasser le Mazarin, puisqu’elle avoit jugé tant de fois que son expulsion étoit de la nécessité du service du Roi ; que l’unique moyen d’y parvenir étoit de bien faire la guerre, et que pour la bien faire il la falloit faire sans scrupule ; que le seul qu’il prétendoit dorénavant d’y conserver étoit celui qui regardoit les ennemis de l’État, avec lesquels il déclaroit qu’il n’auroit ni union ni même commerce ; qu’il ne prétendoit pas qu’on lui eût grande obligation de ce sentiment, parce qu’il sentoit ses forces, et qu’il connoissoit qu’il n’avoit aucun besoin de leurs secours ; que par cette considération, et encore plus par celle du mal que la liaison avec les étrangers peut toujours