Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/399

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M. le président Le Coigneux, il a dit qu’il n’avoit autre chose à dire à la compagnie que ce qu’il avoit dit à M. le premier président, que c’étoit pour le fait des blés. Ce fait, on s’est retiré. L’après-dînée, la compagnie s’est derechef transportée au château en la même chambre, où étant assis pour attendre la réponse de Son Altesse Royale, Sadite Altesse Royale, M. le prince et M. Le Tellier sont entrés à l’impourvu dans la chambre ; et Son Altesse s’approchant au milieu de la table, étant debout et couvert, et les autres demeurés debout et tête nue, elle a dit qu’il avoit rendu réponse sur nos demandes, et qu’il avoit accordé ce qui lui avoit été demandé ; que nous ne lui avions point fait de réponse sur les siennes, et que c’étoit en des longueurs affectées ; qu’il nous venoit dire, pour dernière résolution, que le Roi se départoit de la translation du parlement à Saint-Germain, et se contentoit que le parlement y allât en corps, pour y être tenu par le Roi son lit de justice, et autoriser la déclaration qui seroit faite, en cas que nous voulussions conclure la paix, laquelle déclaration seroit concertée avec nous, et ne contiendroit que ce dont nous tomberions d’accord ; que le Roi remettroit les trois ans de défenses d’assemblées à deux ans, et les vingt années de service d’assister aux assemblées des chambres à dix années ; qu’il y avoit un règlement pour la tournelle, de deux ans de service, qui pouvoit donner exemple à celui-là ; que nous eussions à lui en rendre réponse dans le lendemain à huit heures : autrement qu’il s’en iroit à Saint-Germain, et que nos passeports seroient prêts pour retourner à Paris ; qu’il protestoit que nous serions responsables de tous les malhcurs qui animeroient à la France, si nous ne satisfaisions à ce qu’il désiroit de nous. M. le prince a fait la même protestation contre nous ; M. le président de Mesmes a répondu fort généreusement, et en substance a dit que la compagnie avoit sujet de remercier Sadite Altesse de la bonté qu’elle avoit témoignée ; qu’elle la supplioit de la continuer, et de ne pas croire qu’elle eût apporté des longueurs qui ne procédoient point de la part des députés, mais plutôt de l’inexécution des promesses que l’on leur avoit données, n’y ayant eu aucuns vivres amenés à Paris jusqu’à ce jour. M. le duc d’Orléans et M. le prince ont interrompu et ont dit qu’ils n’étoient point marchands de blés ; et que c’étoit