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manda à lui Champfleury d’aller chez la Reine en diligence, et de la conjurer de sa part de se contraindre, et d’en faire paroître de la joie.

Je ne puis m’empêcher dans cet endroit, de rendre honneur à la vérité, et de faire justice à mon imprudence, qui faillit à me faire perdre le chapeau. Je m’imaginai, et très-mal à propos, qu’il n’étoit pas de la dignité du poste où j’étois de l’attendre ; et que ce petit délai de trois ou quatre mois, que Rome fut obligée de prendre pour régler une promotion de seize sujets, n’étoit pas conforme aux paroles qu’elle m’avoit données, ni aux recherches qu’elle m’avoit faites. Je me fâchai, et j’écrivis une lettre offensive à l’abbé Charrier, sur un ton qui n’étoit assurément ni du bon sens ni de la bienséance. C’est la pièce la plus passable, pour le style, de toutes celles que j’aie jamais faites : je l’ai cherchée pour l’insérer ici, et je ne l’ai pu trouver. La sagesse de l’abbé Charrier, qui la supprima à Rome, fit qu’elle me donna de l’honneur par l’événement, parce que tout ce qui est haut et audacieux est toujours justifié et même consacré par le succès. Il ne m’empêcha pas d’en avoir une véritable honte : je la conserve encore, et il me semble que je répare en quelque façon ma faute en la publiant. Je reprends le fil de ma narration.

J’en étois demeuré, ce me semble au 16 février de l’année 1652. Il y eut, le lendemain 17, une assemblée des chambres, dans laquelle vous verrez, à mon avis, plus que suffisamment, comme dans un tableau raccourci, ce qui se passa dans toutes celles qui furent même assez fréquentes depuis ce jour jusqu’au premier avril. Monsieur y prit d’abord la parole, pour re-