Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/47

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présenter à la compagnie que la lettre du Roi qui y avoit été lue le 15, et qui le taxoit de donner la main à l’entrée des ennemis dans le royaume, ne pouvoit être que l’effet des calomnies dont on le noircissoit dans l’esprit de la Reine ; que les gens de guerre que M. de Nemours amenoit étoient des Allemands auxquels on ne pouvoit pas donner ce nom. Voilà ce qui occupa proprement toutes les assemblées dont je viens de vous parler : le président Le Bailleul, qui présidoit, les commençant presque toutes par l’exagération de la nécessité de délibérer sur la lettre de Sa Majesté ; les gens du Roi concluant toujours à commander aux communes de courre sus aux troupes de M. de Nemours ; et Monsieur ne se lassant point de soutenir qu’elles n’étoient point espagnoles, et qu’après la déclaration qu’il faisoit, qu’aussitôt que le cardinal seroit hors du royaume elles se mettroient à la solde du Roi, il étoit fort superflu d’opiner sur leur sujet. Cette contestation recommençoit presque tous les jours, même à différentes reprises ; et il est vrai, comme je viens de vous le dire, que Monsieur en éluda toujours la délibération. Mais il est vrai aussi que ce faux avantage l’amusa, et qu’il fut si aise d’avoir ce qu’on lui avoit soutenu qu’il n’auroit pas, qu’il ne voulut pas seulement examiner si ce qu’il avoit lui suffisoit : c’est-à-dire qu’il ne distingua pas assez entre la connivence et la déclaration du parlement. Le président de Bellièvre lui dit très-sagement, douze ou quinze jours après la conversation dont je viens de vous parler, que lorsque l’on a à combattre l’autorité royale……… peut-être très-pernicieuse par l’événement. Il lui expliqua ce dictum très-sensément. Vous