Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/472

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depuis a été si furieux qu’il a failli à emporter les plus braves de ses successeurs. Je n’appréhende point de vous présenter dans une chaire de paix ces images sanglantes de carnage et de meurtres, puisque les guerres de saint Louis ont été de ces guerres sanctifiées dont l’Écriture même parle avec éloge : Sanctificate bellum, sanctificate arma. Il a sanctifié la guerre en lui donnant une juste cause, qui fut la sûreté de ses peuples ; et en la portant à une juste fin, qui fut une glorieuse paix. Il a sanctifié les armes, en tempérant leur violence par les lois de la discipline chrétienne. Ainsi tout tourne en bien à ceux qui aiment Dieu. Diligentibus Deum omnia cooperantur in bonum. Ainsi la guerre même entre en part de la sainteté de saint Louis ; ainsi les rois se sauvent en donnant des batailles, pourvu que ces batailles se donnent pour la conservation ou pour le repos de leurs sujets. Et saint Louis sans doute a plus mérité par les ordres qu’il a donnés à la tête de son armée, qu’il n’eût pu faire par les prières et par la retraite de son cabinet.

On ne s’applique pas avec assez de choix à la piété ; on n’a pas assez de discernement pour distinguer les différentes conduites que l’on doit prendre dans les différens emplois. Il y a des actions de piété qui sont communes à toutes les professions : il y en a qui sont particulières à chaque profession. Il est important de ne les point confondre ; et ceux qui les confondent se, mettent du nombre de ceux que reprend l’Écriture quand elle dit : Corripite inquietos et inordinatos. Ce discernement est particulièrement demandé à Dieu par le psalmiste pour les rois : Deus, judicium tuum regi da. Assez souvent un juge plaît plus à Dieu en rendant la justice qu’en faisant oraison ; et quelquefois un roi suit plus exactement les volontés du ciel à la tête d’un bataillon que dans son oratoire. Par cette conduite, ce grand monarque dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire a attiré sur ses exploits les bénédictions du ciel et, par cette conduite, ses armes ont été sanctifiées par une glorieuse paix.

Les vôtres, sire ne sont pas moins justes : elles n’ont pas eu de moindres succès. Cette importante victoire, remportée si fraîchement et si glorieusement sur vos ennemis, est-elle une moins bonne cause ? En naissant, vous vous les êtes trouvées dans les mains. Dieu veuille, par sa miséricorde, qu’elles aient bientôt une aussi bonne