Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/473

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fin ! Dieu veuille que vos victoires soient bientdt arrêtées par une heureuse paix ! Je vous la demande, sire, au nom de tous vos peuples affligés ; et, pour parler plus véritablement, consumés par les nécessités inséparables d’une si longue guerre. Je vous la demande avec liberté, parce que je parle à Votre Majesté d’un lieu d’où je suis obligé par ma conscience de vous dire, et de vous dire avec autorité, que vous nous la devez.

Mais, hélas ! je me reprends, sire. Si la paix étoit dans vos mains innocentes, il y a long-temps qu’elles auroient fait à la terre ce don si précieux ; la Reine votre mère les auroit désarmées pour la gloire du ciel et pour le repos du monde : votre jeune courage auroit cédé à sa piété. Elle est lasse de ces funestes victoires que l’on achète par le sang de ses sujets. L’opiniâtreté des ennemis de votre couronne a rendu jusqu’ici inutiles tous les efforts qu’elle a faits pour leur propre tranquillité et pour leur propre salut : c’est donc à Dieu, chrétiens, qu’il faut demander la paix, et non pas au Roi ; c’est de sa bonté qu’il faut espérer qu’il déchira les cœurs de ces princes obstinés à leur perte. Et je m’assure, madame, que ces prières ardentes dont Votre Majesté presse le ciel ne sont particulièrement employées qu’à le conjurer qu’il fasse que le sang d’Autriche relâche un peu de ce noble orgueil qui, contre ses propres intérêts, le rend trop ferme dans ses malheurs. Ces vœux sont si justes et sont si nécessaires au monde, que j’en attends le succès avec confiance et je n’en ai pas moins que quand Dieu leur aura donné leur effet, Votre Majesté, sire, ne se serve de la tranquillité de son royaume aussi utilement pour l’avantage de ses peuples, que saint Louis se servit du relâche que lui donnèrent ses premières armes.

Il soulagea ses sujets, il poliça son État, il fit refleurir la justice, il réprima les violences, il défendit les duels, il châtia rigoureusement les impies et les blasphémateurs. Ah ! sire, puisque vos sujets sont assez malheureux pour imiter leurs pères dans leurs crimes, ne serez-vous pas assez juste pour imiter votre glorieux ancêtre dans ses lois ? et souffrirez-vous, à la vue de la France, aux yeux de la chrétienté, à la vue du Dieu que vous adorez, que l’impiété règne et triomphe par l’impunité dans la ville capitale de votre royaume ? Non sine causa gladium Dei portas ; vindex es in