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AVIS


A M. le cardinal Mazarin sur les autres de M. le cardinal de Retz.


Monseigneur,

Vous douterez peut-être de la véritable intention que j’ai eue de faire voir ce discours à Votre Éminence et du sujet qui m’oblige à lui parler d’une manière si peu conforme à sa conduite, et si contraire aux sentimens de tous ceux qui l’approchent. L’appréhension dans laquelle je suis, aussi bien que plusieurs autres, de voir renaître dans Paris les premiers troubles et les divisions qui ont si long-temps et si malheureusement troublé le repos général de toute la France, est la seule et véritable raison qui m’a fait mépriser toutes les autres, et par laquelle je me suis enfin résolu de faire voir à Votre Éminence les dangers presque inévitables où elle précipite la fortune de l’État et la sienne particulière, en donnant lieu à un schisme dans la capitale du royaume, dont les sujets ne peuvent être que funestes, puisque tout ce que nous voyons de semblable ou d’approchant dans notre histoire nous représente en même temps l’image d’une désolation publique, qui ne manque jamais d’être l’effet de la fureur ordinaire qu’allume dans les esprits le zèle de la religion, pour laquelle on méprise toutes les autres considérations de l’honneur, de la fortune et de la vie.

Ne vous imaginez pas, monseigneur, que je sois un des partisans du cardinal de Retz. Je proteste à Votre Éminence que je n’ai jamais eu aucune part dans ses affaires passées ; et si je fais quelque réflexion sur sa conduite et sur ses grandes qualités, ce n’est que dans la crainte que j’ai qu’elles ne puissent encore l’aider dans ses desseins présens, et contribuer au retour de cet état déplorable que j’appréhende pour le public, pour ma fortune, et pour celle de mes amis.

Je ne prétends point, monseigneur, examiner la question, ni toutes les raisons qui sont écrites de part et d’autre, ou pour ou