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en présence de Madame, qui me le rendit le lendemain ; et je ne comprends pas sur quoi se sont pu fonder ceux qui ont voulu s’imaginer qy’il y eut de la contestation sur cet article au Luxembourg. Monsieur n’eût pas manqué, si cela eût été, de me faire valoir qu’il n’eût pas déféré au conseil des serviteurs de M. le prince. Ils furent tous du même sentiment ; et Goulas pestoit même hautement contre la conduite de M. de Nemours, qui veut, disoit-il, sauver Montrond et perdre Paris. Je reviens au voyage de M. le prince.

Je vous ai déjà dit que ceux qui agissoient pour ses intérêts auprès de Monsieur le pressoient de revenir à Paris, et que leurs instances furent fortement appuyées par la nécessité qu’il crut à soutenir ou plutôt à réparer, par sa présence, ce que l’incapacité et la mésintelligence de messieurs de Beaufort et de Nemours diminuoient du poids que la valeur et l’expérience des troupes qu’ils commandoient devoient donner à leur parti. Comme M. le prince avoit à traverser presque tout le royaume, il lui fut nécessaire de tenir sa marche extrêmement couverte. Il ne prit avec lui que messieurs de La Rochefoucauld, de Marsillac, le marquis de Levy, Guitaut, Chavagnac, Gourville, et un autre du nom duquel je ne me souviens pas. Il passa, avec une extrême diligence, le Périgord, le Limosin, l’Auvergne et le Bourbonnois. Il fut manqué de peu, auprès de Châtillon-sur-Loire, par Sainte-Maure, pensionnaire du cardinal, qui le suivit avec deux cents chevaux, sur un avis que quelqu’un qui avoit reconnu Guitant en donna à la cour. Il trouva dans la forêt d’Orléans quelques officiers de ses troupes qui étoient en garnison à Lorris, et il