Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fut reçu de toute l’armée avec toute la joie que vous vous pouvez imaginer. Il dépêcha Gourville à Monsieur pour lui rendre compte de sa marche, et pour l’assurer qu’il seroit à lui dans trois jours. Les instances de toute l’armée, fatiguée jusqu’à la dernière extrémité par l’ignorance de ses généraux, l’y retinrent davantage ; et de plus il n’a jamais eu peine de demeurer dans les lieux où il a pu faire de grandes actions. Vous en allez voir une des plus belles de sa vie.

Il parut, au premier pas que M. le prince fit dès qu’il eut joint l’armée, que l’avis de M. de Nemours, duquel je vous ai parlé ci-dessus, n’étoit pas le bon : car il marcha droit à Montargis, qu’il prit sans coup férir, Maudreville, qui s’étoit jeté dans le château avec huit ou dix gentilshommes et deux cents hommes de pied, l’ayant rendu d’abord. Il y laissa garnison ; et il marcha, sans perdre un moment, droit aux ennemis, qui étoient dans des quartiers séparés. Le Roi étoit à Gien, M. de Turenne avoit son quartier général à Briare, et celui de M. d’Hocquincourt étoit à Bleneau.

Comme M. le prince sut que les troupes du dernier étoient dispersées dans les villages, il s’avança vers Château-Renault, et il tomba comme un foudre au milieu de tous ces quartiers. Il tailla en pièces tout ce qui étoit de cavalerie de Maine, de Roque-Epine, de Beaujeu, de Bourlemont et de Moret, qui tâchoient de gagner le logement des dragons comme il leur avoit été ordonné, mais trop tard. Il força même, l’épée à la main, les quartiers des dragons, pendant que Tavannes traitoit de même celui des Cravates. Il poussa les fuyards jusqu’à Bleneau, où il trouva le maréchal d’Hocquincourt en bataille avec