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sept cents chevaux, qui chargea avec vigueur les gens de M. le prince, qui, dans l’obscurité de la nuit, s’étoient engagés et divisés, et qui de plus, malgré les efforts de leur commandant, s’amusoient à piller un village. M. le prince les rallia et les remit en bataille à la vue des ennemis, quoiqu’ils fussent bien plus forts que lui, et quoiqu’il fût obligé, par la grande résistance qu’il trouva, de tenir bride en main à la première charge, dans laquelle il eut un cheval tué sous lui. Il les chargea avec tant de vigueur à la seconde qu’il les renversa pleinement, et au point qu’il ne fut plus au pouvoir de M. d’Hocquincourt de les rallier. M. de Nemours fut fort blessé en cette occasion, et messieurs de Beaufort, de La Rochefoucauld et de Tavannes s’y signalèrent. M. de Turenne, qui avoit averti dès le matin M. d’Hocquincourt que ses quartiers étoient trop séparés et trop exposés et que M. le prince venoit à lui ; M. de Turenne, dis-je, sortit de Briare, il se mit en bataille auprès d’un village qu’on appelle, ce me semble Oucoi. Il jeta cinquante chevaux dans un bois qui se trouvoit entre lui et les ennemis et par lequel on ne pouvoit passer sans défiler. Il les en retira aussitôt pour obliger M. le prince à s’engager dans ce défilé, par l’opinion qu’il auroit que la retraite de ces cinquante maîtres eût été un signe d’effroi. Son stratagème lui réussit : car M. le prince jeta effectivement dans le bois trois ou quatre cents chevaux qui, à la sortie, furent renversés par M. de Turenne, et qui eussent eu peine à se retirer si M. le prince n’eût fait avancer de l’infanterie, qui arrêta sur eux ceux qui les suivoient. M. de Turenne se posta sur une hauteur derrière le bois : il y mit son