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[1652] MÉMOIRES

étoient les propriétaires, les habitans n’ayant pas le moyen de payer les loyers ; que les bourgeois les plus aisés étoient privés de leurs revenus ; que le commerce étant cessé, les marchands ne pouvoient plus subsister ; que les artisans et les manouvriers périssoient, faute d’emploi ; que tous les ports de la rivière étoient dégarnis ; que les magasins de blé, de vin, de bois, et d’autres choses nécessaires pour la subsistance de la ville, étoient vides ; et que le peu qui y restoit alloit bientôt être consommé, si les armées ennemies continuoient à en tirer le pain et les autres vivres pour leur subsistance, comme elles faisoient tous les jours ; que les champs à huit ou dix lieues des environs de Paris n’étoient ni labourés ni ensemencés ; que les villages y étoient abandonnés, et les pauvres peuples dispersés par les bois, attendant la paix pour réhabiter leurs maisons, ou la mort pour voir la fin de leurs misères. En un mot ces messieurs, qui commençoient à travailler pour le rétablissement de l’autorité royale, pour la tranquillité publique et pour le repos des habitans de Paris, leur représentoient toutes ces choses dans toutes les occasions, et leur faisoient connoître l’obligation qu’ils avoient de chercher leur liberté ; qu’elle ne se pouvoit recouvrer qu’en demandant généreusement le retour du Roi ; que s’ils n’agissoient promptement, il étoit indubitable que les ennemis passeroient l’hiver dans leurs faubourgs et dans leurs portes ; que par ce malheur Paris ne pouvoit espérer de tous les lieux circonvoisins aucunes provisions, non plus que des provinces éloignées, qui ne voudroient pas hasarder leurs denrées à la violence des ennemis de l’État ; qu’ainsi il ne falloit plus marchander à demander le