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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

Roi, puisque de sa seule présence dépendoit l’abondance dans la ville, le commerce chez les gens de négoce, et le repos dans les familles.

Qu’au reste ils devoient présentement assez connoître que le nom de M. le cardinal Mazarin, dont on s’étoit servi pour faire lever les armes, n’étoit qu’un prétexte chimérique, puisqu’après son éloignement, que M. le prince avoit si fort demandé, et après lequel il avoit protesté si hautement dans tant d’assemblées du parlement qu’il se remettroit dans son devoir, il n’avoit rien fait de ce qu’il avoit promis. Au contraire, dans le temps que Son Éminence s’étoit retirée hors du royaume, M. le prince y avoit rappelé le duc de Lorraine, fait revenir l’armée de Wirtemberg et celle de Fuensaldagne, et avoit signé de nouveau le traité qu’il avoit fait auparavant avec les Espagnols.

Que quand même le prétexte du cardinal Mazarin eût été véritable, le peuple devoit considérer que ce ministre n’étoit pas dangereux à la France comme les armées que le prince y avoit fait venir ; que le gouvernement de Son Éminence, durant cinquante ans, ne pouvoit nous produire la centième partie du mal que la guerre civile qu’on avoit allumée en faisoit souffrir en quatre jours ; que par là ils dévoient apprendre la différence qu’il y avoit entre obéir aux volontés du Roi, en s’assujétissant aux lois du gouvernement légitime, et se soumettre aux cruautés et aux excès d’une tyrannie qu’on établissoit avec tant de violence et de rigueur, qui les entraîneroit dans une vie languissante et misérable ; que tout ce que le peuple de Paris pouvoit attendre du procédé de M. le prince ne pouvoit être qu’une ruine totale et sans res-