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légendes et traditions

diges, ce bois si lourd par lui-même, et cependant si léger pour Bouse et pour ceux auxquels il le confiait. Il prit aussi sa couverture en peaux de chèvre, et il se rendit dans l’île[1] des Serpents.

Cette île s’étend au loin sur la mer. Elle est longue, immense, pleine de poissons rouges et exquis nommés Zhikki, que l’on mange crus[2] et qui ont un goût délicieux. Mais au milieu de cette île s’ouvre l’antre du grand Serpent de la Mort, qui garde ces poissons excellents et les a convertis en dures pierres.

Bouse, arrivé à la grotte, plante sa couverture au bout d’un poteau à l’entrée de la caverne, afin d’attirer le serpent dehors. Quant à lui, il se tient sur ses gardes, placé par derrière en vedette. Alors il entend gronder le monstre, il le voit sortir de la caverne. Aussitôt il brandit son bois de renne, et, le frappant, il lui casse la tête et le laisse sans vie à ses pieds. Alors il pénètre dans la caverne qu’il trouve pleine de poissons et immense. Il en remplit sa couverture et

  1. Il est bon de remarquer ici que tout continent, toute terre est une île aux yeux des Dènè-Dindjié. Mais ce n’est qu’une tournure d’expression qui leur est propre.
  2. Cette description conviendrait au Japon, dans les parages duquel on fait des pêches merveilleuses, et où le poisson se mange cru. Les Esquimaux mangent aussi le poisson cru. Hérodote en dit autant des riverains de l’Indus.