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des dindjié ou loucheux

de bois prirent la fuite. Les frères d’Etsiégé les poursuivirent et les tuèrent en grand nombre. Mais Bouse ne tua personne.

Etsiégé avait un frère cadet appelé Nedhvè-hègtihi (celui qui est revêtu de l’habit d’hermine). Revêtu d’un long vêtement blanc magique, il tenait suspendu par une corde un instrument semblable à un poisson pris à l’hameçon. Cet objet singulier et qui avait des yeux, il le balançait, il le balançait sans cesse, comme les prêtres font de l’encensoir. La première fois que nous avons vu les prêtres balancer leurs pots-à-feu fumants, nous avons pensé à notre histoire : C’est assurément la même chose qu’ils font là, nous sommes-nous dit. Cela nous a convaincus.

Or, Nedhvé-hèg-tihi massacrait nos ennemis de concert avec Etsiégé, son frère aîné, mais ce n’était point en combattant. Quand on se battait, Nedhvè-hèg-tihi ne tuait personne, il ne versait pas le sang humain. Prosterné à terre, quoique non sans dessein, il parlait, il marmottait sans cesse, en balançant cet instrument dont je viens de parler. Et par sa parole et ce balancement, il nous délivrait de nos ennemis. Ce n’était pourtant pas une magie semblable à celle de nos jongleurs. Nous ignorons maintenant ce que c’était.

Une fois, un très grand nombre de ces Ster-