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légendes et traditions

coraires (Anakρen), peuple du désert stérile, se rassemblèrent contre les Dindjié, et cependant Etsiégé dormait. Il dormit tout un jour et ne se réveilla que le soir[1]. Bien que la nuit tombât, on était sur le point de combattre, quand il arriva. Or, les Dindjié eurent le dessous, ils fuirent devant l’ennemi. Mais l’homme à l’habit blanc, prosterné et parlant tout bas, se mit à balancer son instrument suspendu au bout d’une lanière.

Bouse, voyant donc que les Stercoraires avaient le dessus, passait et repassait par-dessus son frère, en sautant en forme de croix d’une épaule à l’autre[2]. Et, à chaque saut qu’il faisait, il prononçait le mot « Itsch ! » et un ennemi tombait. Les deux frères ne firent pas autre chose toute la soirée, l’un balancer son instrument en marmottant des paroles mystérieuses, l’autre de sauter par-dessus les bras de son frère en formant la croix.

Cependant, tout à coup le courage revint au cœur des Dindjié, qui se battaient dans la plaine

  1. Les Peaux-Rouges ne réveillent jamais une personne endormie, fussent-ils très pressés ; ils attendent qu’elle se réveille pour lui parler.
  2. Je prie le lecteur de se rappeler ce que j’ai dit des sauts des prêtres payens du temps des Hébreux en parlant d’Etρœtchokρen.