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des dènè peaux-de-lièvre

— Mon frère cadet, voilà que je t’ai sauvé la vie, dit l’aîné à son frère. Eh bien ! dès ce moment, écoute-moi et obéis à ma parole.

Les deux frères s’en retournèrent vers le peuple de ce pays nouveau pour eux. Ces gens-là étaient des hommes-loutres[1]. Parmi eux encore, le frère cadet disparut et s’égara.

L’aîné le chercha donc encore, et à cet effet, il partit en pirogue. Il vogua d’île en île jusqu’à un détroit (l’atρa-nihà), et là il plongea afin de découvrir son cadet. Un homme-loutre, qui l’accompagnait, plongea également dans la mer. Ils voguèrent au loin, et ils tendirent leurs filets. Ce fut dans ces filets qu’ils prirent le frère cadet et le retirèrent de la mer.

Alors l’aîné rejeta sa pirogue :

— Cette terre n’est pas la nôtre ; abandonne ton canot, dit-il à son cadet.

Et le cadet rejeta aussi son canot.

Les pirogues abandonnées, ils partirent tous deux sur un grand sentier battu, le long duquel des poteaux se trouvaient plantés de distance en distance.

  1. Les Aléoutes, les Kollouches, peuples qui avoisinent le détroit de Béring, ont la loutre en grande vénération, et la reconnaissent pour leur génie tutélaire. Les Dènè l’ont en horreur. Pour eux, c’est la personnification du malin esprit.