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des dènè peaux-de-lièvre

— Mon cadet, comment, te voilà ! Qu’as-tu donc fait depuis les deux ans que l’on ne t’a vu ? Il y a bien longtemps que je te cherche.

— Eh bien ! mon aîné, tu sais que je me suis égaré sur l’eau. Voilà tout.

Ses vêtements étaient fort beaux ; il avait sa chevelure bien peignée et arrangée, et son visage blanc et radieux. Il tua deux cygnes de ses flèches, et s’en retourna.

— Viens chez moi, dit-il à son frère aîné.

Étant allés ensemble à sa demeure, l’aîné y remarqua une foule de choses précieuses et belles à voir. Il y avait là une grande abondance de peaux d’élan, de viande, de dards de porc-épic, de plumes, enfin, toute espèce de richesse ; mais on n’y voyait point de femme.

Le frère cadet avait épousé Étρinta Yennéné, la femme invisible. Mais son aîné ne la vit pas, car jamais homme vivant ne put la voir. Cependant, lorsque cette femme avait envie d’un homme et qu’elle l’aimait, il lui était donné de la voir ; mais tous ceux qui ne pouvaient l’apercevoir n’avaient aucun espoir d’en être chéris et de recevoir ses faveurs.

C’est pourquoi le frère aîné ne la vit pas ; car la Femme invisible possédait déjà le cadet.

Il aperçut bien un beau cygne venir dans la tente et demeurer familièrement avec son cadet.