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légendes et traditions

Elle mit tout en œuvre pour le persuader de suivre les Dènè. Mais il ne voulut pas y consentir.

— Regarde donc dans mes mitaines, dit-il à la vieille.

Elle y porta la main. Quel ne fut pas son étonnement de les trouver pleines de bouts de langues de renne. Pendant le sommeil de sa mère et en vertu de son pouvoir magique, l’Enfant-Mousse avait tué quantité de caribous.

La vieille fut donc contente ; elle alla chercher la viande, elle mangea, ainsi que son fils adoptif, et fut rassasiée.

Cependant, il en agit de la même manière toutes les nuits, et les Dènè profitaient de ses chasses magiques, car il les avait rejoints.

Un jour, il tua, sur un grand lac qui s’étendait par là, quantité de caribous, les dépeça, les fit boucaner et sécher ; puis, se rendant vers sa mère :

— Mère, lui dit-il, mes frères (il appelait tous les hommes ses frères) n’ont rien à manger, sans doute. Voici un peu de viande que je t’apporte. Fais-m’en un pémikan. Je le leur porterai.

La vieille lui obéit comme elle lui obéissait toujours. Alors, durant la nuit, il disparut encore selon son ordinaire. Mais la vieille ne s’étonnait