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légendes et traditions

tume, et que leur viande était suspendue dans les boucans, sur des échafauds, Nni-o’ttsintanè se prit à réfléchir en disant : « Nonna tamine ! nonna tamine ! » Nous ne savons plus ce que ces mots signifient, mais au même instant la viande de bœuf pétilla, elle bruissa ; les morceaux s’en rejoignirent, les animaux redevinrent vivants, sortirent des boucans et se sauvèrent à toutes jambes dans les bois. Toute la viande disparut donc et ton (la famine) régna de nouveau dans le camp des Dènè.

— C’est ce petit mauvais sujet qui a fait ce coup-là, se dirent les parents adoptifs de l’Enfant-Mousse. Il faut le punir de manière à ce qu’il s’en souvienne. Ils voulurent donc s’emparer de lui ; mais il leur glissa entre les mains comme une ombre et s’échappa on ne sait comment. Oh ! qu’on le haïssait ! Les Dènè attelèrent leurs meilleurs chiens de trait, ils se lancèrent à la poursuite de leur viande qui se sauvait, mais ils ne purent plus la rattraper.

Pendant longtemps il en agit de la sorte, demeurant toujours seul à part, avec sa vieille mère. Il planta sa tente au loin, visitant de temps à autre son peuple et lui demandant toujours le tribut de l’épaule et de l’estomac. Mais eux le lui refusèrent de nouveau. De nouveau alors la viande disparut.