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des dènè peaux-de-lièvre

lui, et lorsqu’ils remontèrent, le vieillard était redevenu jeune homme et avait recouvré la vue.

Alors, il quitta le plongeon bienfaisant, retourna sans peine à sa demeure, et y vit, sur un échafaudage, la viande de l’orignal qu’il avait blessé à mort. Mais il dissimula, et affecta de se comporter en aveugle, marchant en tâtonnant. Il tendit sa gibecière à sa femme pour qu’elle y mît de la viande. Mais elle ne lui donna rien, et, dissimulant, elle lui mentit.

— J’ai soif, dit l’aveugle, apportez-moi à boire.

— C’est moi qui vais y aller, dit la vieille.

Elle alla puiser de l’eau croupie et puante, pleine de vers et de notonectes (tρé-tsaë) qui y nageaient, et la lui servit à boire, parce qu’elle le croyait toujours aveugle.

Mais lui :

— Tu as donc envie de me tuer, que tu en agis ainsi ? lui dit-il.

Il se leva en colère, la jeta hors de la loge, lui cassa la tête et la tua. Voilà la fin[1].

  1. La finale de cette légende ne se trouve que chez les Tchippiwayans, sous le titre de la Femme au serpent.