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des dènè peaux-de-lièvre

qu’elle aimait et qu’elle avait perdus. Elle bivouaqua, fit rôtir un castor, en mangea un morceau, et se coucha en pleurant.

Peu après, elle entendit des bruits de pas, et le petit Tête-Rasée, tramant sa sellette de bouleau entre les jambes, arriva jambe deci jambe delà. Mais elle n’en prit nulle garde. Le petit se coucha à côté d’elle. Elle le laissa faire, elle en eut pitié, et ne le tua pas.

Le lendemain, elle décampa de nouveau ; elle mangea sur le midi et le soir encore. Puis elle bivouaqua de nouveau, et encore le petit marmot Tête-Plate la suivit, mangea et coucha avec elle, sans qu’elle lui fît aucun mal. Mais alors, il n’avait plus de maillot ni de casseau. Il était devenu un jeune garçon un peu grandet.

De nouveau elle décampa, de nouveau elle bivouaqua, et le petit Tête-Rasée était devenu un adulte. Il dormit avec la femme Dènè et s’en approcha.

— Voyez donc ! disait-elle, j’ai peur de lui, je le fuis ; pourquoi en agit-il ainsi ?

De nouveau elle partit, de nouveau elle campa. Mais alors la Tête-Rasée était devenu homme fait.

— Ah ! mon fils est mort, lui dit la pauvre femme Dènè, c’est toi et les tiens qui l’avez mangé ; je ne suis pas de même race que toi. Pourquoi me suis-tu donc ainsi ?