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légendes et traditions

Au prochain campement, elle eut ses infirmités naturelles, quitta le sentier, se construisit une petite cahute à part pour y faire ses purifications ; et cependant, le soir venu, la Tête-Rasée arriva. Il suivit ce sentier souillé, parce qu’il la trouvait belle et qu’il l’aimait, quoiqu’elle eût peur de lui. Il pénétra sans dégoût dans la hutte, y suspendit sa carnassière, déposa sa robe de fourrure à terre, et s’assit à côté de la femme malade.

C’était mal, mais elle n’y pouvait rien. L’amour lui faisait oublier les prescriptions. Comme elle avait toujours peur de lui, la Tête-Plate lui dit :

— Je te considère comme une personne de ma famille ; pourquoi avoir peur de moi ? Tu sais bien que nous n’avons pas d’enfant, pourquoi donc me refuses-tu ?

La nuit venue, il s’approcha d’elle ; le matin, il partit pour la chasse, tua un orignal et le lui apporta. Il avala petit à petit la peau de l’orignal et la rendit ensuite de nouveau ; il l’avala une seconde fois, et lorsqu’il la recracha, elle était devenue du beau parchemin.

— Mais pourquoi me regardes-tu ? dit-il à sa femme. Ce sont là de ces choses que l’on ne peut exécuter que lorsque nul ne vous regarde.

Sur ce parchemin, il déposa son grattoir de