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des dènè peaux-de-lièvre

un rivage qu’elle reconnut aussitôt pour être la pêcherie de son père. Du rivage elle entendit une foule de gens qui jouaient. Un vieillard s’en allait visiter ses filets dans sa pirogue. Fleur-blanche le vit et reconnut son père lui-même. Pour mieux s’en assurer, elle se cacha dans un buisson, et contrefaisant le petit oiseau qui dit dans son chant :

Intton-pa ! tchi ! tchi ! Intton-pa ! tchi ! tchi[1] ! elle se mit à siffler comme lui. Mais son père n’y fit nulle attention.

Pendant deux nuits consécutives, le bonhomme alla visiter ses filets, et chaque fois il entendit : « Intton-pa ! tchi ! tchi ! « Alors, il se dit en lui-même :

— Les Courtisanes m’enlevèrent jadis ma fille. Comment donc se peut-il que j’entende prononcer son nom[2] ?

Le vieillard raconta cela à sa femme.

— Pourquoi ce petit oiseau chante-t-il ainsi, je suppose ? Cela m’intrigue. Donne-moi un poisson sec afin que j’aille le déposer pour lui.

Le vieux s’en alla donc dans les bois ; il plaça

  1. Bruant nocturne.
  2. Les Dènè-Dindjié ne prononcent jamais le nom des défunts ; pas plus que celui du soleil après que cet astre a disparu, pour un temps plus ou moins long, au solstice d’hiver, et qu’il est censé mort.