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des dunè flancs-de-chiens et esclaves

nuit. Vite on se lève, on attise le feu, on produit de la lumière. Et qu’aperçoit-on ? Là, sur les cendres, baigné dans son sang, est un gros et beau chien noir que la hache a tué.

Quant à l’Étranger, il ne reparut plus jamais !

— Ah ! c’était donc ce chien qui, homme durant le jour et marié à notre sœur, se métamorphosait en chien pendant la nuit ! se dirent les frères Dunè. C’est un Ennemi, un Eyunné (revenant, fantôme).

Ainsi pensèrent les deux frères.

Aussitôt, ils chassèrent leur sœur de leur compagnie, parce qu’elle avait dormi avec le chien, le Magicien ennemi, l’Homme-Chien. Ils furent pour elle sans pitié, afin de ne pas mourir eux-mêmes.

Elle s’installa donc loin du pays de ses pères, pleurant et portant dans son sein le fruit de ses amours avec l’Ennemi-Chien qui l’avait séduite. Elle vécut toute seule dans le désert, à l’orient du territoire dènè, tendant des lacets aux blancs lapins des bois, et des hameçons en os ou en arêtes aux vertes truites des grands lacs.

Ce fut ainsi qu’elle parvint toute seule à pourvoir à sa subsistance.

Cependant la femme Couteau-Jaune accoucha, et mit au monde une portée de six petits chiens. Honteuse de son fruit, mais cependant amou-