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des dunè flancs-de-chiens et esclaves

maman s’en va quérir des lièvres blancs pour votre repas.

Ce disant, elle partit traînant sa lanière ; mais au lieu de s’en aller, elle se blottit derrière un fourré de buissons et attendit, tremblante, que les petits chiens sortissent de leur nid sombre et chaud.

Ce moment ne se fit pas attendre.

Quelques instants après, elle entendit les petits chiens qui s’entre-disaient : « Maman est partie. Sortons et jouons. »

Alors un petit chien mit le nez à l’air, il huma l’air de tous côtés d’un air inquisiteur ; puis, se voyant seul, il bondit hors de la sacoche, et, à peine sur le foyer, il devint un beau petit garçon, tout nu. Un autre, puis un autre, suivirent le premier, et les voilà tous les six, petits garçons et petites filles, jouant, dansant et se divertissant autour du feu central de la loge.

Le cœur de la femme Dunè palpitait d’émotion.

— Ah ! si je puis les empêcher de rentrer de nouveau dans les ténèbres de la sacoche, se dit-elle, ils seront hommes pour toujours.

Ce disant, elle tira vivement à elle la lanière qui en fermait la coulisse ; mais, avant que l’ouverture du sac eût eu le temps de se resserrer, trois petits enfants y avaient sauté et y étaient redevenus chiens.