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légendes et traditions

se coucha sur lui. C’était un homme, un guerrier ennemi. Aussitôt il le scalpa, et repartit.

Il y avait en ce lieu une rivière ; il la franchit d’un bond et se trouva sur l’autre rive, dans le pays des Carcajous. Il y avait une grande foule de Carcajous en ce lieu, et on voyait de toutes parts leurs demeures. Il entendit les petits carcajous qui pleuraient pour avoir de la pâture.

Aussitôt le magicien se cacha ; il contrefit le mort et se mit aux aguets. Les Carcajous, le croyant mort en effet, s’en approchèrent imprudemment. Aussitôt il en frappa un et l’atteignit au nez. Le Carcajou éternua, se moucha, et de son nez il en sortit la résine des sapins.

Alors le jeune homme s’en revint vers sa femme qu’il avait laissée auprès de sa mère.

— Change-toi en ourse ! dit-il à sa femme.

La vieille s’y opposait, de crainte qu’il ne la tuât ensuite. Mais lui le voulait et cela se fit. Elle devint ourse.

— Ah ! mon gendre, s’écria la vieille mère, si les jeunes gens voient ma fille en cet état, ils la prendront pour une ourse véritable, et la tueront.

Ce disant, elle lui enleva toutes ses armes ; mais lui se jeta sur l’ourse qui se sauvait et la tua à coups de flèches.

En mourant, l’ourse reprit sa forme de femme