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légendes et traditions


IX

MACKENZIE LONG-COU

(récit véridique d’un chasseur métis franco-dènè )


Au printemps de l’an 1799, un officier de la Compagnie franco-écossaise dite « du Nord-Ouest » vint construire un fort de traite au grand Lac des Ours, sur la côte septentrionale de la baie Keith. Il se nommait Mackenzie, car il était Écossais. Mais, par dérision, ses serviteurs, qui étaient tous des Français du Canada, le nommaient Grand-Cou. Il en était souverainement détesté à cause de sa raideur, de sa morgue, et parce qu’il accablait de travail ses malheureux serviteurs tout en les rationnant.

Il les faisait travailler en hiver de six heures du matin à six heures du soir, sans leur donner autre chose à manger que six harengs ; car, à cette époque comme de nos jours, le grand Lac des Ours nourrissait une grande quantité de harengs ; mais ces poissons, comme tu le sais, ne sont pas plus longs que la main.

À cette époque, les bourgeois qui faisaient le commerce des fourrures n’étaient pas habillés comme de nos jours. Ils portaient un long et