Page:Petitot - Traditions indiennes du Canada Nord-Ouest, 1886.djvu/397

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
367
des dènè tchippewayans

se trouvait leur patrie première et le pays promis, une belle contrée couverte de grands arbres, et située au bord et à l’extrémité d’une mer occidentale.

Le jeune garçon fendit un gros sapin, le creusa, y plaça le corps de la vieille, puis il replanta le tronc d’arbre, à la manière de ses ancêtres. Il se coucha ensuite fort triste, car il était entièrement seul au monde.

À peine Dènè était-il couché qu’il vit s’abattre à ses côtés un oiseau énorme, qui se posa là avec un bruit d’ailes formidable.

— Ne t’effraye pas, lui dit l’aigle géant. Je suis le fils d’Orelpalé, le bon Esprit, et j’accours pour te sauver de la mort. Voilà que je vais te conduire dans ta patrie, un beau pays élevé, où il y a beaucoup de neige, et d’arbres, et d’élans et de rennes, et de castors gras. Mais n’oublie pas cet ordre : « Lorsque tu y seras arrivé et que tu l’habiteras, ne quitte jamais la tente pendant la nuit, et ne chasse le castor que lorsque le soleil sera levé. »

— Pourquoi cet ordre ? demanda le jeune homme.

— Il ne faut jamais demander pourquoi à l’Esprit, répliqua l’aiglon.

Ce disant, il continua :

— Place-toi sous mes ailes, et tiens-toi bien.