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des dènè tchippewayans

À cet arbre, on voyait aussi suspendus tous les autres éléments, tous les biens et tous les maux qui descendent sur cette terre inférieure : de pluie, une outre, et de neige une outre ; de beau temps, une outre, et de tempête, une outre ; de froid, une outre, et de chaleur, une outre.

Il s’agissait donc de s’emparer de cette dernière, et certes cela n’était pas facile ; car l’ours et son fils étaient campés au pied de l’arbre et gardaient la chaleur.

— Qui d’entre nous sera capable de décrocher cette outre, se dirent les animaux, et qui sera homme assez puissant pour lutter contre cet ours fort et féroce ?

Le renne se présenta alors comme étant l’homme le plus innocent et le plus léger à la course. Il se dirigea vers l’ours à la nage (car l’arbre s’élevait dans une île), et s’empara du sac de cuir qui renfermait la chaleur, avant que l’ours, dont les mouvements sont lents, eût eu le temps de l’atteindre.

Alors il eut recours à son canot. Il le lança à l’eau, y monta et poursuivit le renne qui se sauvait à la nage avec la chaleur. Il allait l’atteindre, quand tout à coup sa pagaie se brisa dans ses mains et le réduisit à l’inaction. C’était la souris qui en avait creusé l’intérieur, en travaillant au bien commun.