Page:Petitot - Traditions indiennes du Canada Nord-Ouest, 1886.djvu/430

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
400
légendes

Il arriva alors dans une contrée dont les habitants étaient comme des lièvres. Ils vivaient dans une obscurité profonde, dormant sans cesse. Il produisit pour eux la lumière, en jetant au feu des yeux de lièvre[1] ; puis, il les métamorphosa en hommes.

Enfin, il parvint à une vaste tente, celle du Grand Ennemi, chef des Eyunnè, et ravisseur de ses sœurs, qui se désolaient en ce lieu, dans une dure captivité.

Ce jour-là, le Grand Ennemi était absent ; il était parti pour la chasse. Oltsin-tρèdh dit donc aux deux femmes :

— Voici que je viens pour vous délivrer. Suivez-moi.

Elles se levèrent et le suivirent ; mais elles firent quelque difficulté, disant :

— Ah ! mon frère, ton beau-frère, notre ravisseur, est terrible et puissant. Il va peut-être nous arriver malheur de notre fuite.

Cependant, sur ses vives instances, elles le suivirent. Quand le Grand Ennemi revint, et qu’il n’aperçut plus ses deux femmes esclaves, il

  1. Il y a ici un jeu de mots tel qu’il s’en trouve un grand nombre, incompris du vulgaire, dans ces légendes Dènè. Yeux de lièvre se dit kka-ta, mais ékka-ta signifie le prépuce. Il s’agirait donc ici de la circoncision en termes voilés aux gens non initiés.