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légendes

de telles nuées de cousins et de moustiques, que l’homme en fut assailli et poursuivi le restant de sa vie, et que cette calamité dure encore.

Et voilà comment la femme, après avoir été le tourment de l’homme durant sa vie, continua encore de l’être après sa mort.

Telle est l’histoire de celle que l’on nomme la femme au Nâh-rampant (Ttsékwii-náhdudhi).

Mais tous les Dènè ne la racontent pas de la même manière. Il en est qui rapportent que la tête de mort fut bien transportée par la Sauterelle, comme l’avait été l’homme, mais que la vieille bonne femme, étant parvenue, dans son bond, au milieu du cours d’eau, écarta tout à coup les jambes et laissa choir la tête dans le courant, où elle fut emportée et ne reparut plus jamais ; et que depuis lors on n’a plus revu la femme-serpent. Mais nous pensons que ces conteurs sont des femmes, plus soucieuses de réhabiliter leur sexe que de rendre hommage à la cruelle vérité[1].

(Racontée par le même, en 1880.)
  1. Dans l’Inde, Bhadra-Kali, la femme-serpent, la mère des maux et de la mort, l’incestueuse fille-épouse de Chiva, est figurée sans tête à la porte des temples ; tandis que l’on met sa tête dans tous les lieux habités, comme un talisman contre ses propres maléfices. — À Ceylan on représente la mère des humains entichée d’un serpent.