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des dènè tchippewayans

loin, de l’autre côté de la mer de glace. Il l’épousa et en eut un fils, dit-on. Mais, quoiqu’il la traitât bien, la malheureuse supportait mal son esclavage. Elle ne songeait qu’à s’évader. Après avoir attendu longtemps, il se présenta enfin à elle une occasion favorable qu’elle s’empressa de saisir : à l’occasion d’une fête, il y eut une orgie, on dansa et l’on se fatigua beaucoup. Aussitôt, elle profita du sommeil profond dans lequel la peuplade était plongée pour se jeter dans un Umiak avec son enfant, et se confier à la mer.

Mais elle ignorait d’autant plus de quel côté elle devait se diriger pour regagner sa patrie, que son ravisseur lui avait, en partant, voilé la tête dans sa propre couverture. Elle ignorait donc la route qu’il lui faudrait suivre pour regagner le territoire Dènè. Toutefois, elle se dirigea vers l’Orient, et vogua toute la nuit sur la mer. Le jour suivant, elle rama encore.

Dans les parages qu’elle suivait, la mer, dit-on, est peu profonde et les îlots abondent. La pauvre femme s’en allait donc d’île en île, tout en cherchant sa nourriture. Quand la traversée était trop longue entre deux îles pour qu’elle pût la franchir en un seul jour, elle plantait, le soir, une longue perche dans le fond de vase au-dessus duquel sa barque de peau flottait, y attachait sa