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légendes

barque, et, s’y couchant bravement, elle bivouaquait ainsi sur la mer.

La voyageuse répéta cette manœuvre pendant plusieurs jours, jusqu’à ce qu’elle atteignît un continent oriental où elle aperçut l’estuaire d’une très large rivière qui venait du soleil. Elle ignorait où elle se trouvait, par quelles gens elle serait reçue, et même si la terre où elle allait aborder était ou non habitée ou habitable.

Cependant elle ne savait trop en quel endroit prendre terre, lorsqu’elle vit un loup blanc (Yés) qui traversait l’eau à gué et se dirigeait vers le même rivage qu’elle. De temps à autre, l’animal se retournait vers la femme et semblait la convier à le suivre.

La voyageuse se décida à voguer sur les brisées du loup qu’elle comprit être son protecteur et son Inkρanzé (Ombre ou talisman, fétiche, nahuatl, bon génie), et elle le suivit.

Le loup disparut sitôt qu’il toucha au rivage. La femme aborda au même endroit, elle y abandonna son umiak, et, comme elle savait que le loup décèle la présence des fauves herbivores, elle se mit à la recherche d’une proie, et ne tarda pas à apercevoir un grand troupeau de rennes. Elle emmancha alors d’une longue perche une alène en fer qu’elle possédait, et de cette lance improvisée, elle put, en se plaçant à l’affût sur