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légendes

pour qu’elle ne pût reconnaître sa route, repassèrent avec elle de l’autre côté de la mer.

Là, on lui donna pour mari un Esquimau, qui la rendit mère d’un fils ; mais comme elle parvint à échapper à ses ravisseurs, elle chemina, dit-on, longtemps au bord de la mer, cherchant un passage pour traverser et revenir dans son pays[1]. N’en découvrant aucun, elle s’assit pour pleurer.

Sur ces entrefaites, un loup s’étant approché d’elle, il se dirigea ensuite vers la mer, dans laquelle il entra résolument, n’ayant de l’eau que jusqu’au ventre. Elle comprit, à cette vue, qu’il existait un gué en cet endroit, et que le loup blanc était son génie tutélaire. Elle se leva donc, avec un nouveau courage, marcha sur les traces du loup blanc, et finit par traverser le détroit à gué, et par aborder sur la terre ferme, de ce côté-ci[2].

  1. Ceci semblerait faire supposer que la Nation du Cuivre, personnifiée par la voyageuse, aurait accompli le périple de la région arctique, dans un passé fort éloigné.
  2. Comparer avec la légende de la Femme Aïnos, accueillie par un chien qu’elle prit pour époux. Elle est citée par M. de Chareney, d’après M. Rodolphe Lindau, Voyages autour du Japon, liv. V, p. 99. Paris, 1884. Seulement, les Aïnos font arriver cette femme de l’Occident sur un navire. (Les Hommes-Chiens, p. 5.)

    Les habitants du Pégu, dans l’Indo-Chine, parlent, comme les Tchippewayans du Grand-Lac des Esclaves, des rapports d’une femme avec un chien. Ibid.