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légendes et traditions des cris

(Piciskiw) lui apparut en songe. Sortant du fond de la mer, il lui sembla que le Piciskiw lui disait :

— Ramasse sur le rocher beaucoup de petits cailloux, monte sur mon dos et place-toi entre mes cornes (car c’était un poisson-cornu), et je vais t’emporter d’ici. Cependant, il faut que tu saches que je ne vogue jamais quand le temps est à l’orage ou seulement couvert. Alors, je demeure au rivage ou bien immobile ; mais quand il fait beau, je me promène et je voyage sur l’eau. Si donc tu vois que, malgré le beau temps, je ralentis ma course, avertis-moi en lançant quelques-uns de tes cailloux après mes cornes, et aussitôt je ferai plus de diligence.

Ainsi parla le poisson énorme, et, ayant dit ainsi, il partit en effleurant la surface de l’eau.

Ayatç s’éveilla encore une fois, et il vit que tout lui arriva comme il l’avait rêvé. Il aperçut le Poisson-Cornu gigantesque, qui lui parla comme il lui avait parlé dans son rêve ; il fit provision de cailloux, se plaça entre les cornes de son Grand-Père, qui lui dit en partant comme le poisson du rêve :

— Frappe mes cornes, si tu vois que je ralentis ma course, et avertis-moi.

Ainsi donc Ayatç vogua sur le dos du Piciskiw, dont il frappait les cornes lorsqu’il voulait le faire