Page:Petitot - Traditions indiennes du Canada Nord-Ouest, 1886.djvu/486

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
456
légendes et traditions des cris

avancer plus vite. C’est ainsi qu’il parvint à traverser la mer, en venant de l’Occident, et qu’il aborda sur cette terre.

Avant de le quitter, son Grand-Père le gros poisson cornu[1] dit à Ayatç :

— Mon fils, te voilà parvenu sur cette terre qui est ta patrie. Mais, avant d’arriver chez tes parents, tu auras à franchir la bouche de la terre[2]. Or cette bouche est toujours béante, et elle engloutit les habitants. Voilà donc ce que tu feras. Prends ces objets et aussitôt que tu te trouveras en présence de la bouche terrestre, jette-les-lui en tribut ; elle les avalera, se fermera, et tu la franchiras sans danger.

Or ceci également arriva à Ayatç.

Aussitôt qu’il eût débarqué sur cette terre et

  1. Les Mexicains en disaient aussi autant d’Ymos l’Espadon.
  2. Cette bouche de la terre, ouverture fabuleuse, que nous trouvons dans les légendes kanaques et américaines, est pourtant renouvelée des Grecs et des Latins, qui lui donnaient le nom de Ostia Ditis et de Plutonia. Nous l’avons vue dans la légende de Naëtiéwer (p. 130) et dans d’autres passages.

    C’est encore une figure hébraïque, comme l’atteste cet autre passage de l’Apocalypse :

    « Mais la terre aida la femme, et la terre ayant ouvert sa bouche, elle engloutit le fleuve que le dragon avait vomi de sa bouche, pour la faire entraîner et la submerger. » (Ch. xii, v. 15.)

    Cette dernière image rappelle le haut fait à Etρœtchokρen (p. 41) et d’Enna-Guhini (p. 138).

    Les Égyptiens, qui y croyaient aussi, appelaient la bouche terrestre Ro Pegart. (G. Maspéro, Contes Égypt., introd., p. lxii.)