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légendes et traditions des cris

qu’il eut pris congé de son charitable grand-père, ii commença à cheminer en se dirigeant vers l’Orient, lorsque tout à coup, à son grand effroi, la terre s’entr’ouvrit pour le dévorer. Là, sous ses pieds, était sa gueule béante, horrible. Une mort affreuse menaçait Ayatç, lorsqu’il se ressouvint des paroles du poisson-cornu.

Il jeta dans le gouffre les objets que son grand-père lui avait donnés, et aussitôt la terre ferma la bouche et le laissa passer.

Après avoir voyagé longtemps, il atteignit enfin son pays, et revit la loge de sa mère. Alors, il se fit petit oiseau, et s’en alla voltigeant près de sa mère. Mais elle, qui croyait son fils mort, ne le reconnut pas. Quant à lui, il s’aperçut bien que sa vieille mère ne le reconnaissait pas, et se contenta de lui dire simplement dans son chant :

— Femme, ton fils Ayatç est arrivé : « Kikusis Ayatç takussin ![1]. »

Alors la vieille dit, en entendant le petit oiseau :

Ayatç, mon fils, il y a longtemps qu’il est mort. Pourquoi me tromper, oiseau, en m’annonçant son retour ?

Tout à coup il redevient homme, et s’écrie en embrassant sa vieille mère :

  1. Comparez avec la légende d’Initton-pa.