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légendes et traditions des cris

disparut du camp, de la même manière que précédemment et sans que l’on pût savoir qui s’en était emparé.

Mais la mère de l’enfant-hibou, qui guettait le retour du petit sorcier, avait vu celui-ci pénétrer dans la loge de sa voisine, en saisir l’enfant dans ses serres et gagner le sommet d’un arbre, où il l’avait mis en pièces et dévoré, comme il aurait fait d’une souris.

La même chose arriva la nuit d’après ; et, après chaque escapade, l’enfant-hibou revenait prendre sa place, dans son maillot et sur sa planche, de l’air le plus innocent du monde. Enfant il était pendant le jour, hibou il devenait pendant la nuit.

Alors la mère de l’enfant s’empressa d’avertir les Cris.

— C’est mon fils, leur dit-elle, le fils d’un homme blanc, qui est cause de la disparition de nos enfants. C’est un vampire. Il les mange chaque nuit sous la forme d’un grand hibou blanc.

Alors les Cris tinrent conseil pour décider ce qu’on ferait du marmot. Les uns disaient : « Il faut le tuer. » Mais d’autres ; ajoutaient : « Il vaut mieux l’abandonner, car c’est une Manito. » Les plus humains pensaient qu’il valait mieux le troquer contre un enfant de quelque tribu ennemie.