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SABBAT

moi, je n’ai que des divinités vigilantes et complices : « Attention ! » me disent-elles. Ainsi, j’apprends à sourire à ce que je vais, tout à l’heure, tuer.

Ma fierté pique le sort de son épine puissante et dure. Et que m’importe si j’indigne les livres qui ont des voiles de douceur et de résignation sur leurs beaux yeux !

J’ai appris à m’évaluer lourd depuis que je suis si légère et que l’Ascension m’enveloppe de son nuage flamboyant.

J’ai appris, en ne quittant pas des yeux le but suprême, à adorer toutes mes véhémences, à exploiter toutes mes folies, à recueillir tous mes blasphèmes.

Il n’y a qu’une chose qui compte : un cœur qui bat largement.

Paix aux maudits.

Et n’essaie pas de me sourire pour m’apaiser et de me prendre la main pour me rendre douce dans le sens où ta mère t’a enseigné la sainteté.

Aux rideaux blancs du lit de mon enfance, j’ai mis le feu afin de faire crier les anges. Et je te jure que je n’ai pas voulu les offenser. Mais nos miracles les plus actifs ne sont pas dans nos attendrissements, nos morts parfumées, nos religions aimables… Tout être qui veut Dieu doit commencer par ne s’occuper que de soi, c’est-à-dire, impitoyablement de sa liberté.

Et finalement, je te dirai : « Laisse-moi… Laisse-moi à mon silence bercé par un silence