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fait inédit du temps de sa jeunesse. Il dînait ce jour-là chez M. Chaix-d’Est-Ange. Resté silencieux pendant le repas, il s’anima tout à coup vers la fin de la soirée. On venait de parler de Bossuet, en le critiquant un peu, et Janin, s’étant levé brusquement, plaida, vingt minutes durant, avec une chaleur et une éloquence merveilleuses, la cause de l’immortel évêque. Tous les auditeurs étaient sous le charme. Deux d’entre eux, prenant à part aussitôt le maître du logis, lui demandèrent simultanément :

« Quel est ce jeune homme ? » Nous serions heureux de le connaître et de le recevoir. »

Ces admirateurs de la verve et du caractère de Jules Janin lui vouèrent une amitié qui ne se démentit jamais. Le premier s’appelait M. Thiers[1] ; l’autre, M. Benoît Fould.

  1. Le 14 novembre 1871, cinq jours après sa réception à l’Académie française, le « prince des critiques » recevait de M. Thiers (alors président de la République) une lettre des plus cordiales, dont voici les premières lignes :
    « Mon cher confrère,

    « Je n’ai pu lire que ce matin votre charmant discours, plein de grâce, d’esprit, d’imagination, comme tout ce que vous écrivez. Je vous en félicite