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jules janin

Les livres ont encore cela d’utile et de rare : ils nous lient d’emblée avec les plus honnêtes gens ; ils sont la conversation des esprits les plus distingués, l’ambition des âmes candides, le rêve ingénu des philosophes dans toutes les parties du monde ; parfois même ils donnent la renommée, une renommée impérissable, à des hommes qui seraient parfaitement inconnus sans leurs livres. Ils ajoutent même à la gloire acceptée !…
Au catalogue de ses livres, on connaît un homme ! Il est là dans sa sincérité. Voilà son rêve… et voilà ses amours !
Accordez-moi, Seigneur, disait un ancien : une maison pleine de livres, un jardin plein de fleurs ! — Voulez-vous, disait-il encore, un abrégé de toutes les misères humaines, regardez un malheureux qui vend ses livres ! Bibliothecam vendat… Nous autres, les bonnes gens, les petites gens, qui se tiennent à part, loin du soleil, voici, du soir au matin, notre humble prière : « Accordez-nous, grands dieux, une provision suffisante de beaux livres qui nous accompagnent dans notre vie, et nous servent de témoignage après notre mort ! »