Page:Pierquin - Le Poème anglo-saxon de Beowulf.djvu/90

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Qui investira-t-on de ces pouvoirs reconnus nécessaires ? Le choix du peuple se portera sur les représentants des familles, dont la tradition fait remonter l’origine aux dieux particuliers de chaque district, (les dieux aiment leur descendance : ils ont guidé leurs premiers enfants vers la terre fortunée, en leur donnant le secret de les apaiser et de leur plaire ; ils les protègent par leur puissance, et ils les inspirent par des révélations ; ils les instituent dépositaires de leur volonté souveraine, et quelque chose de leur pouvoir divin accompagne leurs héroïques descendants. Une seule famille a pu rester longtemps en possession exclusive du pouvoir sacerdotal, jusqu’à ce qu’une autre maison lui ait substitué un culte nouveau, et un dieu jusqu’alors inconnu. Quelque tribu isolée, et jouissant d’une civilisation plus avancée, a pu s’établir parmi quelques rudes guerriers, en leur enseignant des procédés plus parfaits de culture, une architecture qu’ils ne soupçonnaient pas ; elle leur a dévoilé les mystères du firmament, l’harmonie des sons, et le dieu bienfaisant qu’elle a fait connaître est reçu dans la communauté.

Dans la tribu nouvelle se recruteront nécessairement les prêtres du nouveau culte, car seuls ils en connaîtront les rites et les observances, qu’ils conserveront à travers les âges.

Dans une autre hypothèse, une élite remarquable par sa beauté physique, son intelligence plus développée, sa plus grande force aux armes, peut établir sa prépondérance sur une race plus nombreuse, et moins favorisée : en augmentant par des acquisitions, des conquêtes, ou par l’hérédité, les territoires qu’elle possède, cette élite par sa supériorité