Page:Pierquin - Le Poème anglo-saxon de Beowulf.djvu/92

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nobles que ces derniers, au-dessus du reste du peuple. En cet état, les attributs de la souveraineté peuvent être divisés : on tirera d’une famille les rois ou les juges ; d’une autre, les généraux ; d’une troisième, les prêtres ; ou même ces divisions auront pu naître, avec le temps, au sein d’une même famille. Encore le général a-t-il pu être choisi, pour une guerre déterminée, parmi les juges et les prêtres, ou même, et dans un cas de nécessité pressante, parmi ceux auxquels leur naissance interdisait l’accès des fonctions judiciaires et sacerdotales. Bède n’écrit-il pas des anciens Saxons du continent :

« Non enim habent regem iidem antiqui Saxones, sed satrapas plurimos, suæ genti praepositos, qui, ingruente belli articulo, mittunt æqualiter sortes, et quemcumque sors ostenderit, hunc tempore belli ducem omnes sequuntur, huic obtempérant ; peract ; autem bello, sursum aequalis potentiae omnes fiunt satrapæ[1] ».

Et ceci met singulièrement en lumière, cette phrase de Tacite s’appliquant aux races germaniques en général :

« Eliguntur in iisdem consiliis et principes qui iura per pagos vicosque reddunt »[2].

On conçoit aisément la séparation assez rapide des fonctions judiciaires et sacerdotales, et même jusqu’à une date encore avancée, elles se maintiennent unies. Le jugement de Dieu, la répartition des lots, et la divination, sont présidées par les prêtres et par les juges : le prêtre ne consacre-t-il pas le lieu du jugement ? Et toutes les assemblées du peuple s’ouvrent par des prières et par des cérémonies religieuses[3]. La tenue du Witena-Gemót, en des temps

  1. Hist. Eccl., V, 10.
  2. Germ., XII.
  3. Cf. Tacit., Germ., XI. « Ut turbæ placuit, considunt armati. Silentium per sacerdotes, quibus turn et coiercendi ius est, imperatur ».