Aller au contenu

Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
VOYAGES

est soutenu au dedans par plusieurs poteaux. Dans toutes leurs huttes, la terre dure forme le plancher ; le foyer est au milieu, et la fumée s’échappe par un trou pratiqué dans le sommet. La porte est si basse et si étroite qu’on n’y entre qu’en se traînant : elle consiste dans une simple peau sèche suspendue. Ces sauvages m’ont paru très-pauvres et très-misérables : la plupart se trouvaient à pied ; la veille de notre rencontre, les Ottoes leur avaient volé vingt-cinq chevaux. Ils m’exprimèrent un ardent désir d’avoir une mission de nos Pères parmi eux.

À mesure que nous avancions vers l’ouest, nous traversions des côtes élevées, qui nous donnaient de temps en temps des vues étendues et fort belles. La grande plaine était parsemée de haute futaie ; on y voyait surtout le waggère roussé, ou la fleur du cotonnier, plante qui abonde dans ces parages et dont les Indiens se nourrissent. Elle se trouve sur le bord d’une rivière qui porte le même nom et qui se jette dans le Kanzas ; le long de ces deux rivières il y a de riches et fertiles bas-fonds bien boisés. Tout le sommet de la grande côte est rempli de pétrifications. La surface de la terre, dans partie considérable de cette région, est couverte de grosses pierres plates, grisâtres et jaunes, confusément arrangées comme si elles étaient sorties du sein de la terre par quelque agitation souterraine.

Je n’étais encore que depuis six jours dans ce pays sauvage, lorsque je me sentis accablé par la