Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
241
D’UNE FEMME DU MONDE.

Je les plains plus que moi-même : ils se reprochent mon malheur et veulent y mettre fin.

Mais comment ?

Mon père parlait bien d’aller trouver M. Grandidier et de provoquer le divorce. Je l’en ai dissuadé. Mon pauvre papa ne connaît pas les textes de lois.

J’ai ouvert un vieux code, que j’ai trouvé dans le fond d’une bibliothèque et j’y ai lu :

« Le mari pourra demander le divorce pour cause d’adultère de sa femme. La femme pourra demander le divorce pour cause d’adultère de son mari, lorsqu’il aura entretenu sa concubine dans la maison commune. »

Cela m’a révoltée. Peut-on imaginer quelque chose de plus odieux que cette impossibilité systématique dans laquelle on a mis la femme de demander le divorce contre son mari indigne, auquel il suffit, pour que l’impunité lui soit assurée, d’avoir la précaution bien élémentaire de ne pas entretenir ses maîtresses chez lui.

Mon indignation fut telle que je n’y pus tenir. Je courus de nouveau chez mon notaire, cet homme, hier encore, un étranger