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LE JOURNAL.

pour moi, et que la détresse et l’isolement avaient fait d’un coup mon confident. Il me calma. Le code qui m’est tombé entre les mains, paraît-il, est très vieux et a été remanié : il existe aujourd’hui une loi nouvelle qui met le mari et la femme sur un même pied d’égalité. Toutefois j’ai bien compris, à certaines restrictions, ce que, par pitié sans doute, on voulait me cacher : si l’égalité existe maintenant sur le papier, on ne la trouve pas plus qu’avant dans la pratique : il demeure à peu près impossible à une femme d’obtenir le divorce contre son mari, l’adultère de celui-ci fût-il universellement reconnu.

Alors, sur quel autre grief baser mon instance en divorce. M. Grandidier en me traitant comme la dernière des filles, n’a fait qu’user de ses droits de mari : les tribunaux ne sauraient que le complimenter et me couvrir de ridicule. Ah ! elle est jolie, la loi qui régit le divorce. On voit bien que ce sont les hommes qui l’ont faite !

D’ailleurs, réflexion faite, je ne veux pas du divorce. M. Grandidier a payé les dettes de ma famille. Il s’en flatte. Qui l’empêcherait alors d’aller crier qu’on l’a trompé, qu’on l’a escroqué, qu’on l’a volé, qu’après en avoir