Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
D'UNE FEMME DU MONDE.

plus de pièces d’or que personne au monde n’en a jamais eu !

Et comme je demandais naïvement :

— Combien ?

Elle ne manquait jamais de me répondre :

— Autant que de petits cailloux dans les allées du parc.

Et le fait est que les apparences confirmaient, pour un esprit de baby, les affirmations de ma bonne.

On donnait des fètes merveilleuses, des diners splendides, et toutes les dames, durant la courte apparition que je faisais au salon, me prenaient sur leurs genoux, s’extasiaient sur la beauté de ma chevelure, la clarté de mes yeux, la finesse de mon sourire, la gentillesse de mon petit pied, et me disaient en me couvrant de chatteries :

— Est-elle assez mignonne, notre petite princesse : on peut bien l’appeler ainsi, puisque son papa fait les choses comme un roi !…

Et j’avoue que j’étais très fière d’avoir un papa que l’on pût comparer à un roi.

Mon enfance s’écoula donc dans une sorte de féerie et les contes merveilleux où je lisais que des seigneurs possédaient de grands coffres remplis de diamants et de pierres précieuses,